Dis papy, c'était comment la guerre ?

Je vous propose un topic pour échanger sur les anecdotes, les souvenirs racontés par les anciens qui ont connus et vécu la guerre.
Pour ma part 3 anecdotes :
Mon oncle a fait l'Algérie sur le front. Un jour j'ai osé lui demander. Il m'a raconté que la plupart du temps les soldats tiraient sur tout ce qui bouge en sachant que dans le tas ils tiraient sur leurs potes. C'était tellement la merde et ils avaient tellement la trouille qu'ils tiraient sur tout. Certains tiraient en pleurant. ..

Pendant mon service militaire il y a avait un gradé qui portait des décorations sur la poitrine. Je lui demande leur signification. Il m'explique que chaque barrette rouge signal un front. Il avait fait la Yougoslavie. Il me dit qu'ils touchent des primes quand ils partent sur le terrain. Et je le cite "on croit qu'on va être Rambo, mais une fois sur place on est plus rien. "
Il avait passé 7 heures à plat ventre en entendant siffler les balles au dessus de sa tête et les impacts autour de lui. Il était paralysé par la peur et il avait fait dans son pantalon.

Durant mon service j'ai fais 2 stade 5 (simulation de guerre internationale). Au sol c'était appelés contre engagés. On avait le famas chargé à blanc et les engagés avaient des grenades à plâtre. Au premier stade 5, on avait une zone grande comme un terrain de foot à surveiller à 2 pendant la nuit sur des rondes de 3 heures. J'ai reçu 3 grenades dans les jambes sans pouvoir identifier le lanceur (chaque fois je m'en suis sorti en courant vite pour ne pas être touché). D'un coup je vois une ombre bouger au sol à 20 mètres de moi. J'essaye de distinguer quelque chose mais j'y vois autant que dans le cul d'une vache. La forme bouge doucement puis ne bouge plus pendant au moins 5 minutes.
Au bout d'un moment ça bouge à nouveau. Je fonce en hurlant mes sommations et vide mon chargeur dans la tronche du mec.
...c'était mon compagnon de ronde. Il s'était couché pour essayer d'identifier le lanceur qui lui balançait des grenades dans les jambes a lui aussi. Dans la vraie vie. ..je l'avais descendu.

3 anecdotes qui racontent un peu la même chose : quand c'est plus un jeu "pour de faux" où chacun se relève avec un peu de peinture ou de poussière sur lui...on est loin d'imaginer ce qu'est vraiment un conflit armé dans lequel on peut crever en 1 seconde.

un ami du 8RPIMa a fait l’Afghanistan.
il était tireur de précision a l'époque, et lors d'une petite soirée improvisé, il y avait le "radio" de son équipe, et on a discuté de leur séjour la bas.
ils racontaient qu'ils ne savaient pas sur quoi ils tiraient, vu que l'ennemie n'a pas d'uniforme, qu'après une attaques, ils allaient voir dans le village d'où venait les tir, mais impossible de différencier l'ennemie de l'honnête villageois; ils ont dû croisé, voir même serrer la main de ceux qui leur tirait dessus .. seulement au compte rendu le lendemain, ils savaient ce qu'ils avaient touché

ils racontaient également qu'une fois leur convoi était attaqué a la roquette et au tir, donc arrêt du convoi pour riposté, mon ami est monter sur le VAB pour "shouffler" au travers de la lunette de son fusil, et une roquette a pété juste derrière lui, il a reçu des gravier tellement c'était tombé pas loin, sur ce, le convoi a décidé de se positionner immédiatement ailleurs, mon ami accrocher au dessus du VAB avec le fusil coincé je ne sais comment pour pas qu'il tombe, pas le temps de descendre.. personne ne faisait le malin ..

le "radio" racontait également qu'ils partaient avec un paquetage prévu pour 3-4h maximum, mais qu'ils leur arrivaient de resté plus de 6h en opération. il disait que le pire c'est la soif, quand tu cour, tu te cache, tu te concentre, tu cour a nouveau ect pendant plusieurs heures, la gourde ne fait pas long feu; et que même si les supérieurs leurs ont dit de ne surtout pas toucher l'eau des ruisseaux afgan, quand tu es a 30 metres d'un points d'eau, même sous le feu des "barbu", tu récolte les gourdes des potes et tu y vas "et y'en a pas un seul qui a eu la chiasse, on avait tellement soif que l'eau passait direct dans le corps, pas le temps pour être malade ! ". il disait aussi qu'il virait des choses de son sac pour y mettre des bouteilles d'eau.

a l'époque ou mon ami était la bas, une équipe de tv faisait un reportage, et les a suivit. ils n'ont pas été dans le reportage final, mais ont pu récupérer le "making of", je l'ai vu, et dessus on voit l'équipe avancer dans un village, puis subir des tir ennemie, on voit le "radio" cacher au coin du mur d'une maison, au talon du responsable de l'équipe, puis mon ami entre une maison et un muret non loin, on voit juste son buste dépasser du muret, puis la camera cadre du coté d'ou viennent les tir, et franchement, on voit rien, juste on entend les kalach et les impactes, donc pas moyen de riposter; la caméra retourne a nouveau sur mon ami, on le voit regarder a droite a gauche, puis se baisser derrière le muret genre pour faire ces lacets (même lui ne se rappelle plus pourquoi il c'est baissé), mais 1/2 seconde après, 3 balles rasent le muret où sa tète était, et se retrouve dans le mur de la maison derrière, a 1/2 seconde près, mon ami serait mort devant les caméra ... sa mère en larme devant les images bien sur..

ma grand mère qui est née en 1930, a connu la France occupée.
mon arrière grand père était au travail obligatoire ou un truc comme ça. pratiquement tous les soirs, il rentrait avec du chocolat que lui donnaient les soldats Allemands. elle m'a dit que les Allemands payaient toujours pour ce qu'ils prenaient, ce qui n'était pas le cas des Américains...
je ne dénigre personne en disant cela, je vous raconte juste ce que m'a répété ma grand mère.

Disons qu'il est plus facile de s'engager dans la résistance quand on est célibataire sans enfant que quand on a une famille à nourrir. Sous l'occupation, nombreux sont ceux qui ont simplement essayé de survivre et de nourrir leur famille du mieux qu'ils pouvaient.
Si tu faisais pas de vagues les allemands n'avaient pas d'intérêt à t'enmerder.
Personne n'est capable de prétendre de quel côté il aurait été en fonction du contexte personnel. Il n'y avait pas les bons d'un côté et les méchants de l'autre. C'était pas blanc ou noir. Je pense qu'il y avait majoritairement beaucoup de nuances de gris.
J'aime particulièrement un film qui montre bien les choses. ..c'est "monsieur Batignole" de G. Jugnot.
L'histoire d'un petit boucher pas tout à fait collabo qui se retrouve passeur d'enfants juifs par un concours de circonstances.
Je pense que beaucoup de français ont été comme lui pas tout à fait résistant ni tout à fait collabo. ..et Un peu des deux à la fois.